Qu’est-ce qu’une entreprise auto-gérée? (1/4)

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De plus en plus d’entreprises se tournent vers les concepts du self-management pour tendre progressivement vers un idéal d’entreprise auto-gérée. Mais qu’est-ce qu’on entend par là exactement?

À travers une série de 4 articles, nous tâcherons de démystifier cette approche encore trop méconnue et galvaudée. Dans l’article d’aujourd’hui, nous parlerons du concept d’entreprise auto-gérée dans son sens large, et dans les trois suivants, nous aborderons plus en détails un modèle d’auto-gestion spécifique : l’holacratie.

L’autorité distribuée

Comme son nom l’indique, une entreprise auto-gérée est une entreprise qui se gère toute seule, de façon organique. L’autorité n’y est pas concentrée entre les mains d’une poignée de personnes, mais est distribuée au sein de l’entreprise, à l’ensemble des employés.

Le modèle hiérarchique traditionnel est remplacé par une structure organisationnelle horizontale, dans laquelle il n’y a plus de pouvoir par le titre ou le rang hiérarchique.

Le processus aux commandes

Vous vous dites surement : « sans figure d’autorité, c’est impossible que l’organisation opère sans que ce soit le chaos total… »

En réalité, « pas de hiérarchie » ne signifie pas « pas de structure », bien au contraire. Les modèles d’auto-gestion les plus aboutis sont accompagnés d’un ensemble de règles qui permettent de créer une structure complète, flexible et évolutive.

Les piliers de l’auto-gestion

1) Confiance, autonomie, imputabilité

La prémisse de départ pour aller vers l’entreprise auto-gérée, c’est que les individus sont dignes de confiance, capables de faire leur travail de façon autonome, et imputables du résultat de leurs actions. C’est sur ces trois éléments que se bâtit tout le reste.

2)La raison d’être

Les organisations auto-gérées s’articulent et se construisent autour de la notion de raison d’être. La raison d’être principale de l’organisation entraine la construction des raisons d’être subséquentes auxquelles les individus se rattachent dans leurs tâches quotidiennes. Dans ces entreprises, la raison d’être agit comme un phare qui guide les individus dans la gestion de leur temps et de leurs priorités. Plus la raison d’être est précise et inspirante, plus les individus seront alignés et motivés à la poursuivre.

3) Transparence

Un enjeu fréquent dans les systèmes de gestion classiques est le manque de clarté sur les responsabilités de chacun. Les descriptions de poste sont souvent éloignées de la réalité des tâches quotidiennes, et surtout, elles n’évoluent pas au rythme de l’organisation.

Au contraire, un cadre d’auto-gestion permet de modéliser en toute transparence qui est responsable de quoi à chaque instant, pour un portrait représentatif de la structure organisationnelle en temps réel.

4) Mode de gouvernance évolutif

L’efficacité de l’agilité en gestion de projets n’est plus à prouver : le concept d’itérations courtes pour mieux s’adapter aux impératifs extérieurs d’un monde qui change de plus en plus vite est devenu la norme.

Et si le virage des organisations vers l’auto-gestion n’était que la suite logique de la tendance observée dans l’univers de la gestion de projet?

Fini les grosses réorganisations annuelles : dans les entreprises auto-gérées, la structure de l’organisation se modifie très fréquemment à travers un processus de gouvernance évolutif. Elles font en fait le pari d’insuffler la culture de l’agilité jusque dans leur mode de gestion.

Libérer les idées

Les organisations auto-gérées créent un environnement stimulant et propice à la parole qui encourage chaque individu à faire entendre sa voix dans la perspective d’avoir un réel impact sur son organisation. Tout le monde peut s’exprimer, y compris les personnes qui, auparavant, n’osaient pas mettre leurs idées en avant.

Et puisque la gouvernance de l’organisation auto-gérée est évolutive, le changement y est constant : cela devient peu à peu une norme intériorisée par les individus, qui n’ont plus peur d’essayer de nouvelles choses.

Ce qui nous amène à la formule magique suivante :

Expression libre des idées + Autonomie + Agilité organisationnelle = culture d’innovation décuplée

En résumé, les organisations auto-gérées font le pari que les humains qui les font vivre sont leur plus grande richesse, et choisissent de leur offrir le terrain de jeu nécessaire à l’expression de leur plein potentiel, afin de réaliser la raison d’être de l’organisation.

Auriez-vous l’audace de transformer votre organisation pour la rendre plus libérée, innovante, et humaine?

Dans le prochain article, nous parlerons des mécanismes concrets à l’œuvre dans les organisations auto-gérées, en nous appuyant sur le modèle holacratie, qui est l’un des cadres d’auto-gestion les plus aboutis.


À propos de IDEHŌ

Basée à Montréal, IDEHŌ se donne pour mission de créer des entreprises libérées, innovantes et humaines. IDEHŌ offre du conseil en management et transformation organisationnelle. www.ideho.ca

Autheur : Anne Chabert

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